Redémarrage avec le président Biden.

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L'Europe a maintenant la possibilité de définir un nouvel agenda transatlantique. "Nous ne devons pas attendre les initiatives américaines, mais faire activement des offres aux États-Unis", demande Markus Kaim, Stiftung Wissenschaft und Politik.

L'élection de Joseph Biden comme 46e président des États-Unis ne signifie pas que les relations transatlantiques reviendront au statu quo avant 2017. L'environnement international a trop changé entre-temps. L'Europe devra désormais préciser plus clairement qu'auparavant quelle politique elle attend de Washington, mais aussi ce qu'elle est prête à faire elle-même. Cinq blocs thématiques constituent la base d'un agenda transatlantique renouvelé.

// 01 Façonner la politique économique transatlantique.

En matière de politique commerciale, il est important que les droits de douane sur l'acier et l'aluminium imposés par Trump et les contre-tarifs européens soient levés. La Commission européenne peut proposer à l'administration Biden de nouveaux accords pour des secteurs industriels particuliers dans le cadre de négociations commerciales bilatérales. Une modernisation des règles de l'OMC, c'est-à-dire leur adaptation à l'évolution de l'économie mondiale numérique, est également d'une grande importance.

En ce qui concerne la politique énergétique, les États-Unis et l'UE devraient en principe échanger leurs points de vue sur leurs concepts de politique énergétique et leur compatibilité avec les objectifs climatiques de Paris. Si l'Allemagne veut soutenir l'administration Biden dans ses relations avec le Congrès, une option serait d'imposer un moratoire sur le projet Nord Stream 2.

En matière de politique numérique, l'objectif est de développer une approche coordonnée conjointement qui augmentera la résistance des entreprises allemandes aux politiques économiques agressives de la Chine. Un tel dialogue devrait également permettre de discuter des normes de protection des données, du droit de la concurrence, des plateformes numériques et de la taxation des services numériques.

// 02. conclure une alliance transatlantique sur les vaccins.

Au tournant de l'année 2020/21, les premiers vaccins contre le coronavirus seront probablement disponibles. Les entreprises européennes et américaines se feront alors concurrence pour les bénéfices. Une alliance transatlantique sur les vaccins pourrait permettre à tout le monde d'avoir accès à un vaccin Covid-19. Dans un deuxième temps, les deux parties devraient s'entendre sur un programme de politique sanitaire mondiale visant à renforcer les systèmes de santé des pays tiers et à les rendre plus immunisés contre les crises futures.

// 03 Contenir la Russie, stabiliser les voisins de l'Europe.

L'idée de base de la politique de Biden à l'égard de la Russie est que Moscou est un "ennemi" des États-Unis, visant à affaiblir, voire à détruire l'OTAN et l'UE à long terme. Un leitmotiv général de l'administration de Biden sera donc l'endiguement de l'influence russe. L'Europe pourrait proposer une politique sur l'Europe de l'Est qui aurait une dimension de politique de sécurité ainsi qu'une dimension de réforme et de politique économique. Les projets et les priorités en matière de transport, d'énergie et d'infrastructures numériques dans la partie orientale de l'UE et dans son voisinage oriental pourraient être discutés.

// 04. Différend nucléaire avec l'Iran - retour à la diplomatie.

Le changement de président permet à l'Europe de revenir à la coopération avec Washington et de réorienter sa politique à l'égard de l'Iran, en abandonnant les efforts visant à sauver l'accord nucléaire et en développant une nouvelle approche transatlantique à l'égard de Téhéran. L'objectif serait d'abord de parvenir à un accord intérimaire qui gèlerait au moins les activités nucléaires de l'Iran et qui, en retour, apporterait une aide économique concrète. Dans le même temps, les sanctions extraterritoriales américaines contre les entreprises européennes devraient être suspendues.

// 05. Réorganiser les compétences en Europe.

Nous devons empêcher une cascade d'hommes politiques européens de faire des approches non coordonnées à Washington dans les prochaines semaines. L'Allemagne devrait utiliser les semaines restantes de sa présidence de l'UE pour coordonner les différentes priorités au sein de l'UE. Ce n'est qu'ainsi qu'il sera possible de faire en sorte que les États européens parlent et soient davantage entendus d'une seule voix. À moyen terme, il est également impossible de contourner l'introduction du vote à la majorité dans la politique étrangère et de sécurité commune et le renforcement de Josep Borrell en tant que "ministre des affaires étrangères" de l'UE.