Les craintes concernant les taux d'intérêt sont exagérées.

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Compte tenu des taux d'inflation élevés, les taux d'intérêt augmentent dans le monde entier. Après environ trois ans en territoire négatif, on observe pour la première fois des rendements positifs pour les emprunts fédéraux à dix ans. Et les banques centrales signalent qu'elles vont lever le pied cette année. Les analystes parlent donc déjà du début d'un nouveau régime d'investissement. Qu'est-ce qui attend les investisseurs ?

La rédaction de private wealth a demandé au cercle de compétence de Lerbach - 40 stratèges de family offices, de banques privées et de gestionnaires de patrimoine - de donner son avis sur l'inflation, la politique monétaire et les taux d'intérêt.

L'inflation, suppose le cercle de compétence de Lerbach, nous occupera en tout cas encore toute l'année. En Allemagne, la hausse des prix à la consommation, actuellement de 4,9%, ne devrait pas dépasser 4,2% d'ici le milieu de l'année. Et même à la fin de l'année, les professionnels estiment que le taux d'inflation sera toujours de 3,3 %.

La descente du sommet de l'inflation aux États-Unis s'avère tout aussi difficile. Dans ce pays, les professionnels prévoient 4,9 % en milieu d'année et toujours 3,8 % en fin d'année.

La banque centrale américaine va donc bientôt agir, les professionnels du marché des capitaux en sont convaincus. D'ici la mi-2022, le comité d'experts prévoit en moyenne une hausse des taux directeurs américains dans une fourchette de 0,5 à 0,75 pour cent. En juin ou juillet, la banque centrale américaine commencerait alors également à réduire son bilan. Ce que l'on appelle le QT (Quantitative Tightening) désigne un processus dans le cadre duquel la banque centrale vend lentement une partie des obligations nettes qu'elle a accumulées ces dernières années. Il s'agit ainsi de retirer prudemment des liquidités du marché.

D'ici fin 2022, le cercle de compétence prévoit un taux directeur américain compris entre 1,0 et 1,25 pour cent. Les professionnels s'attendent donc à quatre hausses des taux d'intérêt de la FED. Le cercle est ainsi un peu plus défensif que le consensus du marché. En effet, ce dernier table désormais sur cinq hausses de taux de 0,25 point en 2022.

Selon les experts, la BCE évoluera encore plus lentement. Certes, le programme d'achat d'obligations devrait être nettement ralenti à l'avenir. Mais le groupe de compétence prévoit un véritable QT au plus tôt au deuxième semestre 2023. Trois des 20 participants estiment même que la BCE ne réduira plus jamais son bilan.

De même, les hausses du taux directeur dans la zone euro en 2022 - si elles ont lieu - ne se feront qu'à doses homéopathiques. Seules trois personnes interrogées s'attendent à une modification du taux de dépôt - actuellement de moins 0,5 % - d'ici le milieu de l'année. Si la période de prévision est étendue jusqu'à la fin de l'année, la moitié des participants croient tout de même à une première petite hausse du taux d'intérêt de la BCE. "Avec un taux d'inflation de 5,1 pour cent actuellement et une croissance économique de 4,1 pour cent attendue par la BCE en 2022, la banque centrale devra s'orienter davantage vers l'objectif de stabilité des prix convenu par contrat en 2022. Dans ce contexte, il n'y a pas non plus de raison de continuer à acheter des obligations d'État en grande quantité", explique Jan Viebig, ODDO BHF.

Mais dans l'ensemble, le cercle d'experts est également plus prudent en ce qui concerne la politique de la BCE que le consensus du marché, qui s'attend à un revirement plus rapide et plus net des taux d'intérêt après la dernière réunion de la BCE. "Je pense que la raison pour laquelle la majorité estime que la BCE fait peu ou pas de choses vient du fait que l'on ne peut pas imaginer que la BCE se crée des problèmes en augmentant les taux d'intérêt, en relançant le débat sur le refinancement de la dette dans le sud de l'Europe. La seule crainte d'une hausse des taux directeurs et d'une diminution des achats d'obligations a déjà fait augmenter l'écart de taux entre les obligations allemandes et italiennes", commente Christian Jasperneite, M.M.Warburg & Co.

La prévision de taux d'intérêt que le cercle de compétence de Lerbach déduit de ses réflexions est particulièrement intéressante. Il prévoit un rendement moyen de 0,23 % pour les emprunts fédéraux à dix ans en milieu d'année et de 0,32 % en fin d'année.

Les emprunts d'État américains à dix ans devraient alors rapporter 2,05 et 2,17 pour cent.

Comme les rendements ont déjà nettement augmenté ces dernières semaines - à 0,2 pour cent pour les emprunts fédéraux et à 1,9 pour cent pour les emprunts d'État américains - le risque résiduel sur le marché obligataire est manifestement devenu moins important. "Même si une ou plusieurs hausses des taux d'intérêt de la BCE devaient intervenir, cela se produirait à un moment où l'inflation serait à nouveau en recul. Il n'en reste pas moins que nous avons vu la plus grande partie de la hausse des taux d'intérêt", affirme avec conviction Michael Winkler, de la Banque cantonale de Saint-Gall.


Pour les investisseurs en actions - surtout en Europe - c'est une bonne nouvelle. Les chiffres d'affaires des entreprises devraient pouvoir augmenter sensiblement en période de hausse de la demande en volume et des prix. Si les taux d'emprunt restent à peu près au niveau actuel, les craintes liées aux taux d'intérêt seraient exagérées et les cours des actions pourraient augmenter en 2022 de la même manière que les revenus des entreprises.

Ce n'est que dans le secteur de la technologie, qui a récemment été fortement mis à mal, que les professionnels restent majoritairement prudents. 16 participants au sondage sur 20 ne pensent pas que la correction dans ce secteur soit déjà terminée. "Comme la FED suit tout à fait la voie de la normalisation, notamment en ce qui concerne la réduction du bilan, nous restons encore prudents dans ce domaine", explique Jasperneite.

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